«Les gens pensent que je suis malade»

Depuis trois ans, Ève Lemieux incarne le personnage de Lili-Mai Lavoie, une jeune fille atteinte de fibrose kystique, dans le téléroman Providence. La comédienne nous parle de son personnage et du défi supplémentaire que représente ce rôle.

Ève, le personnage de Lili-Mai est-il ton premier rôle?
Non, j’ai fait ma première apparition à la télévision dans une publicité de A&W. Il y a ensuite eu le film La mystérieuse Mademoiselle C. et j’ai participé à quelques émissions pour enfants. Le premier téléroman dans lequel j’ai joué a été Les super mamies.


Comment t’est venue l’envie de devenir comédienne?
J’ai eu la piqûre lorsque j’étais toute petite. Chez mes grands-parents, il y avait un grand coffre à jouets rempli de déguisements. Je les revêtais et je montais des spectacles comme le font bien des enfants. Quand mon grand-père a constaté à quel point j’aimais ça, il a dit: «Celle-là, elle va être comédienne!»


Comment trouves-tu Lili-Mai?
Je l’adore! Je me suis attachée à elle. Ces temps-ci, elle vit des jours plus difficiles, car la maladie reprend le dessus. Ça me fait quelque chose.


Est-ce qu’on te demande souvent si tu souffres de fibrose kystique?
Tout le temps. Je dis aux gens que c’est mon personnage qui est malade, pas moi. Mais ça me fait chaud au cœur lorsque les gens pensent que je suis malade, car ça veut dire que mon personnage est crédible. C’est un beau compliment!


Comment t’es-tu préparée à jouer ce rôle?
J’ai rencontré beaucoup de jeunes atteints de fibrose kystique, notamment une fille qui s’appelle Jennifer et qui m’a longuement parlé de sa maladie. Elle m’a expliqué ce qu’est vraiment la fibrose kystique, m’a relaté comment elle et sa famille vivent ça et à quel point les autres enfants peuvent être durs avec elle.

Sur le plateau, j’ai aussi rencontré un garçon nommé Alexis qui m’a donné des informations plus techniques sur la maladie.

Enfin, il y a aussi Sarah, une fille qui souffre de fibrose kystique et avec qui j’ai développé une belle amitié. C’est elle qui a inspiré l’auteure, Chantal Cadieux, pour le personnage de Lili-Mai.


Que trouves-tu le plus difficile?
Au début, j’étais très angoissée, surtout avant que l’émission soit mise en ondes. J’avais peur de ne pas jouer correctement, que mes râlements ou ma toux sonnent faux. Mais maintenant, j’oublie le côté physique de la maladie de mon personnage. Ça me vient naturellement, à un point que, lorsque je joue autre chose, je dois penser que je n’ai pas besoin de râler!

Mais le plus gros défi pour moi, ce n’est pas de feindre la maladie, c’est le côté moral... Lili-Mai est une jeune fille de 15 ans qui vit constamment avec l’idée qu’elle va mourir. C’est pourquoi elle fait souvent des choses que les autres jeunes de son âge ne feraient pas.


Reçois-tu parfois des commentaires négatifs sur les agissements de Lili-Mai?
Pas vraiment... Je me fais demander beaucoup plus souvent quel âge a Luis Oliva! Moi, je trouve ça cool d’incarner une jeune fille qui veut tout faire même si, parfois, elle agit un peu sans réfléchir.

On nous montre tellement souvent l’image d’ados nonchalants que ça en est rafraîchissant. Si des gens la jugent, je leur réponds que Lili est comme elle est et qu’elle veut profiter au maximum de la vie. Moi, je ne pourrais jamais la juger.


Comment réagirais-tu à la mort de ton personnage?
Ça serait mon premier gros deuil. J’ai la chance de n’avoir jamais vécu de deuils. Je sais que Providence ne va pas durer éternellement, mais j’essaie de ne pas penser que mon personnage pourrait mourir avant la fin du téléroman...


Est-ce que Lili-Mai te ressemble?
Nous avons des points en commun: l’enthousiasme, la vivacité et l’amour de notre famille. Mais elle est plus jeune que moi; Lili a 15 ans, j’en ai 17. Elle est aussi plus naïve, tout en étant très mature pour son âge. Mais il reste que c’est un personnage et je me démarque d’elle.


As-tu d’autres projets en vue?
Mes études et Providence me tiennent bien occupée, mais j’écris et je fais des films amateurs avec mes amis.


As-tu envie de passer de l’autre côté de la caméra?
Je suis au cégep en cinéma et communications, mais ce que j’aimerais vraiment, c’est écrire, réaliser et jouer. Il est possible de faire tout ça, non?